GENERALITE
Le district du Zanzan est le résultat de l’application du décret présidentiel n°2011-263 du 28 Septembre 2011 portant organisation du territoire en districts et en régions.
Ce district fait donc partie des 14 régions que compte la Côte d’Ivoire depuis septembre 2011.
Il est jouxté par 4 districts qui sont :
- A l’ouest (le district des savanes, le district de la Vallée du Bandaman, le district de Dimbokro).
-Au sud (le district de la Comoé)
-AU nord et à l’est, il est respectivement délimité par le BURKINA FASO et le GHANA.
Dans sa division administrative, le district du Zanzan offre 2 régions : celle du BOUKANI et celle du GONTOUGO ces régions regorgent ensemble 9 départements qui représentent chacun un maillon de la richesse culturelle de ce district.
La région du Bounkani est l’une des 2 régions qui constituent le district du Zanzan.
Ayant pour chef-lieu BOUNA, elle englobe 4 départements (Bouna, Doropo, Nassian, Tehini).
HISTORIQUE
Il faut souligner que les origines de l’actuelle région du Bounkani dépendent de celles du royaume de Bouna.
En effet, c’est au 2eme siècle que les ancêtres des KOULANGO (LES LORHON) peuplaient cette région. La chefferie et les fonctions de chef de terre étaient exercées par le roi nommé Haïngèrè. Le siège de la chefferie était situé à 60 km de Bouna précisément à KODO (entre Varalé et Doropo).
La sœur du roi Haïngèrè dénommée Mantou eut une liaison avec Garziyao un prince Dagomba originaire de Doloma (actuel GHANA). De cette relation naquit vers 1583 Boukani le héros fondateur du royaume de Bouna.
Selon la légende l’appellation Bounkani résulterait d’un malentendu entre Garzyao et un émissaire du roi Haïngèrè. Suite à la naissance de son neveu, le roi Haïgèrè chargea un émissaire d’informer le roi Garzyao et de lui demander de proposer un prénom.
L’émissaire du roi après un long temps de course aperçut Garzyao de l’autre côté de la volta noire il l’interpella et lui transmit le message. Cependant, le roi Garzyao ne comprenait rien au message du fait du flot bruyant il répliqua donc par la phrase suivante « bun bo nkwane » ce qui veut dire en langue dagomba « avez-vous besoin encore de quelque chose ? ». L’émissaire en conclu donc que le prénom proposé était Bounkani c’est-à-dire une de formation de « bun bo nkwane ».
Elevé et formé à l’art de la guerre Bounkani devint un grand guerrier et mit sur pied une troupe de jeunes qu’il érigea très tôt en une armée basée à Lankara (actuel village de Dagbeko situé à 20 KM de Bouna).
Bounkani et ses frères d’armes fomentèrent un coup et s’emparèrent pacifiquement du pouvoir qui était détenu par son oncle.
Humilié, le roi déchu (Haïngèrè) opta pour l’exil et surtout pour éviter d’exposer ses jours.
Sur le chemin de l’exil précisément dans le village de Himbie, le roi Haïngèrè disparut sous terre après avoir entonné la chanson de la mort, cette chanson qui est une invocation au Dieu (Hiégossiè).
Le pouvoir de Bounkani va créer un bouleversement de plusieurs ordres :
Socialement, il supprima le droit de succession matrilinéaire au profit du système patrilinéaire.
Plus loin, il organisa la société des Lorhon en un ordre hiérarchique :
Sur le plan militaire, Bounkani va jeter les bases d’un nouvel état de guerrier de type dagomba. Il soumet rapidement les Lorhon et absorbe un vaste royaume situé entre la Comoé et la Volta noire.
Ce royaume constitue selon les historiens le premier Etat à pouvoir centralisé à être formé dans l’actuelle Côte d’ivoire.
Pour inculquer à ses sujets le sens de la conquête, il les baptisa « KOULANGO » ce qui veut dire « ceux qui n’ont pas peur de la mort ».
La tradition orale rapporte que Mantou la mère de Bounkani confectionnait les plats de Bounkani avec de la viande de bœuf et ceux de son frère cadet avec du grillon, les mauvaises langues colportèrent que les plats de son frère étaient meilleurs que les siens. Bounkani décida de se venger en la tuant car sa mère outre cela lui reprochait son tempérament violent.
Lorsque Bounkani s’appretait à mettre à exécution son plan macabre sa mère fit sortir so sein le lui montra et s’écria « Bounkani fouan gbona » ce qui est traduit par « Bounkani le grillon est-il plus gros que le bœuf ? » à la vue du sein maternel, Bounkani tomba de son cheval. En souvenir de cet épisode il décida d’appeler « Gbona » cette localité qui remplaça ainsi l’appellation «kwonkwo » ou cette scène se produisit. BOUNA est donc la déformation de Gbona.
Bounkani prit la décision de faire la paix avec les descendants de son oncle Haïngèrè après plusieurs batailles. Cette paix se matérialisa par l’octroi de la fonction de chef de terre à ceux-ci. Jusqu'à ce jour cet accord a cours.
A la mort de Bounkani, la mentalité de conquérant qu’il forgea à ses sujets produisit son effet dans la mesure où l’après Bounkani sera caractérisé par de vastes conquêtes qui agrandiront le royaume au nord jusqu'à Bobo-dioulasso, à l’ouest jusqu'à Marabadiassa, à l’est jusqu'à Bolé actuel (Ghana).
Le royaume de Bouna connut son apogée, devenu riche du fait du control qu’il exerçait sur le gisement d’or du bassin de la volta noire. Outre cela le royaume eut le monopole de l’axe commercial Niger-Accra.
Diplomatiquement, les alliances seront signées avec le royaume Ashanti notamment avec le clan Oyôkô dont les ancêtres seraient originaires de Bouna.
Le royaume a cependant subi des vagues d’envahissements dont l’une des plus importantes est celle des Abron qui fuyaient la suprématie des Ashanti. En dépit des résistances pour bouter les envahisseurs hors du royaume la région de Nassian sera envahie et soumise jusqu’au début du 20eme siècle. C’est ce qui justifie l’influence de la culture Akan dans cette partie du royaume. Cette domination va se généraliser vers la fin de 1896 lorsque les troupes de l’Almamy Samory Touré conduites par son fils Saranké Mory vont exercer une razzia qui absorbera 80% des villages qui constituaient le royaume. Quant à la ville de Bouna, elle succomba le 6 Décembre 1896 ceci représenta la chute du royaume accentuée par la colonisation et la conversion à l’islam.
LES VAGUES DE PEUPLEMENT DE LA REGION DU BOUNKANI
Les vagues d’immigration qui se sont opérées vers l’actuelle région du Bounkani depuis 2000 ont permis l’établissement de 3 grands peuples.
Les Koulango
Les Koulango sont les descendants des Lorhons dont l’installation remonte à 2000 ans en arrière ils sont donc considérés comme le premier peuple de cette région. Les Koulango pour des raisons d’ordre d’installation et historique (descendant de Bounkani) représente le peuple qui exerce l’influence, prédomine dans cette région. Ils en sont même les chefs de terre.
Les Malinké
Commerçants pour la plupart, les Malinké se sont installé dans cette région suite à un processus qui commença d`abord par les Kamara, ensuite les Diabagaté, les Ouattara, les Coulibaly, les Cissé, les Bamba etc.
Les Lobi
Les Lobi sont le dernier à s’être installés. Cette installation s’est faite en deux étapes une première avant l’indépendance et une deuxième après l’indépendance. Ces 2 étapes permettent donc de distinguer 2 sous communauté lobi à savoir l’une ivoirienne (installée avant 1960) et l’autre burkinabé et ghanéenne (installée après 1960). Les lobi sont connus sous les noms de famille suivants : Kambiré ; Hien ; Kambou ; Palé ; Som ; Noufé ; Sib et Dah.
LA VEGETATION DE LA REGION DU BOUNKANI
La végétation de la région du Bounkani est constituée de 2 types de savanes : la savane soudano-guinéenne et la savane arborée. Il faut aussi ajouter la forêt claire à ces 2 types de savanes.
En proie à la déforestation abusive la végétation laisse place à des arbustes et des herbes.
LE CLIMAT
Avec un climat de type soudanien la région du Bounkani connait 2 saisons :
L’une pluvieuse (4 à 5 mois) avec une pluviométrie de 1.100 mm et l’autre sèche (7 à 8 mois)
L’HYDROGRAPHIE
La région est traversée par plusieurs cours d’eau dont les plus importants sont la comoé etla volta noire.
LE RELIEF
Cette région est peu accidentée donc monotone. Elle offre cependant quelques montagnes :
-Le mont Tehini
-Le mont Boutourou
-Le mont Yevelé
L’AGRICULTURE
La région du Bounkani étant prédominée par les agriculteurs présente 2 types de cultures :
Les cultures vivrières
La région offre plusieurs cultures vivrières mais celle qui occupe une place centrale est l’igname. Ce féculent est connu dans cette région sous les noms de « kponan », « logobêri », « mampan », « bêtê-bêtê », « florido ». Mis en terre entre Décembre et Mars le tubercule est déterré à la fin du mois de juillet. Après déterrement l’igname est consommée de plusieurs façons.
Les cultures d’exportation
Outre les cultures vivrières prédominées par l’igname la région du Bounkani joue sa part dans l’économie ivoirienne qui est basée sur l’agriculture. Cette participation se traduire par la culture de l’anacarde dont la cote d’ivoire est le deuxième producteur mondial derrière l’inde.
Originaire d’Inde l’arbre (l’anacardier) a été introduit en Côte d’Ivoire en 1957. Dans son développement l’arbre peut atteindre 5 à 8 mètres de hauteur et à un cycle végétatif qui va de 20 à 30 ans, la première récolte se fait à partir de la 7EME année la partie du fruit la plus importante est la noix dite noix de cajou.
LA REGION DU BOUNKANI : DESTINATION TOURISTIQUE
La région du Bounkani à travers son profil culturel et naturel représente une destination touristique capable de subjuguer tous ceux qui s’y rendent. Ce profil prend en compte la danse- la tenue vestimentaire – les mets – les sites touristiques.
La danse
Le Bounkani est une mosaïque de danses traditionnelles propres à chacune des départements qui la compose. Ainsi nous avons :
Le département de Bouna
- La danse du BOURI
C’est une danse en hommage à un fétiche (bouri), qui exige qu’on le présente. Il déteste être enfermé, dit-on. On le sort lors des grandes cérémonies. Le fétiche est porté sur la tête par une jeune fille dont le corps est enduit de kaolin. La danse se fait en couple face à face et autour du balafon.
Le département de Nassian
- La danse yéminan
C’est une danse qui marque la fin d’un mois d’initiation des jeunes filles hors du village afin de les préparer à la future vie de femme accompagnées de tam-tam, les initiées toutes parées danse en tournant sur elle.
Le département de Tanda
- L’ahuiessi
La danse ahuiessi est très gracieuse. Elle est exécutée par des jeunes femmes somptueusement parées de bijoux en or au cou, bras, poignets, mollets, et aux chevilles. Et portant de jolies coiffes. L’ahuiessi, une danse de nobles. Les danseuses sont vêtues de pagne kita (d’origine ghanéenne), très prisé en pays Agni. De couleurs gaies, elles sont agrémentées en outre par des foulards multicolores dressés autour de la taille. Le chœur est également paré de pagnes kita blancs et noirs, et d’une écharpe de couleur sombre. Les instruments de musique sont des castagnettes. La danse commence par une libation. Les pas sont lents, gracieux. Beaucoup de gestuelle.
- La danse assamlan
Il s’agit d’une danse apparentée à l’abodan, elle vise à exprimer l’unité les pas sont exécutés par 4 fillettes dont 3 en tenue de puberté. Ces fillettes chasse-mouches à la main sont accompagnées d’un ensemble instrumental composé de tam-tams et de hochets.
- Les komian
Il s’agit d’une danse à caractère mystique dont la chorégraphie est l’apanage des prêtres traditionnels(les Komian). Cette danse se fait sans accompagnement vocal cependant, les instruments utilisés pour son exécution son des instruments à percussion (tambours) qui sont généralement au nombre de 5 puis de hochets que les exécutants attaches aux pieds .La ténue exigée est de couleur rouge symbolisant la puissance et le blanc qui symbolise la pureté et la proximité aux esprits. Durant la danse, le komian utilise du koalin pour sopoudrer les autres danseurs après s’en être enduit le corps.
- Les tambourinaires femmes
Cette danse est une variante de l’okodjo. Ici, toute l’orchestration est féminine. Les femmes jouent du tambourin qu’elles tiennent sous leurs aisselles, et sont toutes vêtues de cache-sexe à peine masqué sous un pagne. La danse est effectuée par une jeune fille et une fillette en cache-sexe, accompagnées par une femme âgée qui vante leurs atouts. Les danseuses font le tour de la place en faisant des mouvements gracieux avec les mains.
Les instruments de musique
Le patrimoine organologique de la région du Bounkani sont est généralement basé sur des idiophones. Nous pouvons donc distingué :
- Le xylophone ou sinaga
Cet instrument est l’équivalent du balafon rencontré au Nord du pays il est conçu à partir de 14 lamelles de bois qui doivent être solides afin de supporter les contacts. Ces lamelles sont disposées sur un cadre comportant des calebasses en formes sphériques, variables et trouéesqui confèrent un caractère polyphonique à l’instrument.
- LE BINGO
Signifiant littéralement « grand tambour » cet instrument est taillé dans un tronc d’arbre dont l’extrémité est recouverte d’une peau. Le joueur frappe l’instrument à l’aide de deux baguettes recourbées tandis qu’il est maintenu par une autre personne dans une position inclinée.
- Le ganganbilé
Sensible voisin du tambour parleur (le toumblan) mais de forme plus petite-il rencontré dans la région de Bouna. Sa caisse de résonnance à la forme d’un mortier.
Les mets traditionnels dans le Bounkani
Les peuples du Bounkani sont beaucoup consommateur de tubercules sous la forme pilée (foutou) ou bouillie et aussi de la poudre de manioc sec (konkondé) et de sémoule de maïs (kabato).Ces différents mets sont le plus souvent accompagnés de plusieurs sauces tel le têgbê (sauce obtenue à l’aide d’un mélange de plusieurs feuilles notamment de gombo et d’aubergine), le raihô (aubergine) ainsi que le tchregno (sauce graine).
Les sites touristiques
La région du Bounkani regorge de sites touristiques attrayants :
- Le parc national de la Comoé
Situé à 180 Kilomètres de Bouna et connu sous l’ancienne appellation « de parc national de Bouna », le parc national de la Comoé fut fondé en 1968. De par sa superficie (1 150 000 HECTARES) ce parc est le plus ancien et le plus important de la côte d’ivoire. Il est caractérisé par une faune variée : éléphants, buffles, lions, hippopotames, cynocéphales, oiseaux... Pour un meilleur séjour des touristes des hôtels ont été construits dans les villages jouxtant le parc (wangofitini, kaffalo, kakpin…)
- Les silures sacrés de Sapia dans le département de Tanda
Les silures sacrés Sapia sont des silures qui vivent dans une eau sacrée formant un grand lieu touristique qui attire des milliers de visiteurs par an, c’est une partie classique touristique ivoirienne. Les silures sacrés se trouvent dans le village de Sapia dans le département de Tanda d'où ils sont comptées parmi ses habitants, des silures pas comme les autres. L’histoire de ce site touristique, les silures de Sapia sont sacrés. En effet, Il est interdit de les manger ou de les tuer, cela porte malheur et rien ne se fait dans le village sans consultation préalable de ces poissons. D’où viennent ces silures qui possèdent des cauris et de l’or sur la tête ? Tout serait parti de la migration des peuples Koulango de Sapia, venus de Bouna en quête de terre cultivable. Le chef des migrants, au cours d’une excursion dans la forêt environnante, tombe sur une petite rivière. Le gardien des lieux révèle alors au chef les secrets que renferme ce cours d’eau. En effet, il expliqua à son hôte que tous ses enfants périrent parce qu’un d’entre eux avait mangé du poisson de cette rivière. Un devin confirmera par la suite la version du gardien de la rivière, en indiquant que les silures du cours d’eau étaient tous sacrés. II devrait donc s’abstenir de les consommer, le chef de file des migrants décide alors de créer un petit campement de culture sur les bords de cette rivière poissonneuse pour mieux protéger les silures sacrés. Le campement s’agrandit et devint un village, un rite naît autour de ces étranges poissons. Les habitants du nouveau village célébrèrent annuellement la fête dite de « Kolgo », la cérémonie, qui durait près d’une semaine, attirait beaucoup de spectateurs des villages environnants. Séduits, ces derniers refusent de regagner leurs villages en disant « Je ne veux plus repartir » qui veut dire en Koulango « Min san pia ». D’où le nom « Sapia », par déformation. Quelle place occupe aujourd’hui ces silures sacrés dans la vie de ces populations ? A Sapia, la famille Débabéné qui assure la protection des silures sacrés conserve jalousement cette tradition. Quand un silure sacré meurt à Sapia, les habitants se rendent à la rivière. Le poisson mort est retiré de l’eau et enroulé, dans du linge blanc pour enfin l’enterrer au bord de la rivière. Après tout cela, les adorateurs poussent des cris : « hou-hou-hou », ce qui met fin au deuil. A Sapia, pour accueillir, pour demander protection aux dieux, pour faire partager ses joies d’une bonne récolte, on consultait les silures sacrés de la rivière. Aujourd’hui, on les consulte toujours.
- Les complexes hôteliers dans le Bounkani
La région du Bounkani regorge de nombreux complexes hôteliers qui permettent un développement et une facilitation du tourisme Cependant, il faut mettre en exergue le fait que l’hôtel qui enregistre un taux important d’affluence est l’hôtel éléphant situé à Bouna.