DEFINITION
Il s’agit d’un ensemble d’auteurs et d’œuvres qui présentent, à une époque donnée, une communauté d’idées, de pensées, une vision de l’humanité et de l’art (en général) s’appuyant sur des traits communs. On entend par là qu’il ya une cohérence entre leurs différentes œuvres dans leurs analyses de la situation politique, intellectuelle, culturelle, littéraire de leur temps. Certains mouvements littéraires s’appuient sur des doctrines, s’incarnent dans des écoles (au sens de regroupement d’écrivains) et proposent des règles esthétiques qu’on retrouve dans les créations des membres de ce mouvement. D’autres mouvements peuvent être définis à postériori lorsqu’on constate que de nombreux auteurs se rejoignent tant dans leurs idées, leurs idéaux que leur vision de la création littéraire. Les mouvements littéraires correspondent à des périodes données, il arrive qu’une date précise en marque le début, il est rare qu’on mentionne une date précise de fin. En effet, comme tout courant d’idées, le mouvement littéraire nait d’un petit groupe, se diffuse jusqu’à devenir majoritaire puis s’estompe jusqu’à généralement disparaitre. Les mouvements littéraires ont une cohérence les uns vis-à-vis des autres, soit qu’ils s’inscrivent en opposition soit qu’ils se posent en précurseurs ou en successeurs. Il est parfaitement possible (et même fréquent) que la naissance d’un mouvement se chevauche avec le déclin du précédent.
LES DIFFERENTS MOUVEMENTS LITTERAIRES
- Le réalisme
- Le romantisme
- Le parnasse
- Le naturalisme
- Le surréalisme
- Le symbolisme
A/ LE REALISME
Epoque : XIXème
Le contexte historique:
- En 1848, une révolution renverse la monarchie constitutionnelle de LOUIS PHILIPPE et instaure la seconde république. Par le coup d’état de 1851, Louis Napoléon Bonaparte établit un régime autoritaire, qui évolue vers plus de libéralisme à partir de 1860. Proclamée après la défaite française devant la Prusse en 1870, la troisième république fonde la démocratie parlementaire et garantit les libertés fondamentales. Ces turbulences politiques amènent certains artistes à se dégager de l’idéalisme romantique.
- Principes :
Les écrivains réalistes veulent peindre la réalité de leur temps, explorer la vie quotidienne sous toutes ses formes, analyser la société.
Il ne s’agit pas de copier la réalité mais de la représenter de façon signifiante.
- Objectifs
-Rejeter toutes les formes d’idéalisation de la réalité.
-Démontrer les mécanismes économiques et sociaux conduisant l’individu à la réussite ou à l’échec.
-Peindre d’une manière objective tous les aspects de la société contemporaine.
- Quelques procédés d’écriture
La multiplication des petits détails vrais
L’expansion de la description
Manifestes et écrits théoriques :
L’école réaliste nait vers 1850 par réaction contre l’idéalisme romantique mais ce terme est appliqué à des romanciers ayant écrit plus tôt.
Avant-propos de la comédie humaine (Balzac, 1842)
Le réalisme (Champfleury, 1857)
Etude sur le roman (Maupassant, 1888)
Quelques écrivains et quelques œuvres
- BALZAC, La comédie humaine
- Le roman et la nouvelle sont des formes privilégiées de ce mouvement 1842-1848
- FLAUBERT ? Madame Bovary
- MAUPASSANT, Une vie, 1883
B/ LE ROMANTISME
« Romantique » est apparu au XVIIe siècle en France avec le même sens que « romanesque ». Puis Mme e de Staël l’utilisa au début du XIXe siècle pour traduire le mot allemand « romantisch » qui s’opposait à « classique » : quelques années déjà avant la fin du XVIIIe siècle, en Angleterre et en Allemagne, surtout, avec le mouvement « Sturm und Drang »-« Tempête et ELAN »-des écrivains dits préromantiques réagissent contre le rationalisme du siècle des lumières. Entre 1820 et 1830, romantique va supplanter le mot romanticisme inventé par Stendhal (avec un sens plus large que romantisme). « Romantisme » (même si ce mot n’a jamais eu de définition précise) désigne donc un art, une pensée et un état d’âme caractéristique de l’époque 1820-1850.
CARACTERISTIQUES DU ROMANTISME
Des aspirations souvent contradictoires coexistent et rendent toute définition globale malaisée.
DE NOUVELLES CONCEPTIONS ARTISTIQUES.
UNE RUPTURE AVEC LE CLASSICISME :
- Les écrivains du XVIIIe siècle respectent encore les codes imposés par le XVIIe (cf. les tragédies de VOLTAIRE !).Les romantiques privilégient la poésie, plus apte à décrire les passions et les mouvements de l’âme, et font triompher le roman… deux genres passablement méprisés pendant le siècle précédent.
UN ELARGISSEMENT DES SOURCES D’INSPIRATION :
- Les paysages romantiques : recherche de paysages nouveaux, du dépaysement. Immensité ; infini ; désordre ; mouvement. Montagne ; mer ; orages ; tempêtes… Paysage et état d’âme : la nature est à la fois une confidente et une consolatrice. A travers elle, le romantique exprime sa sensibilité. Il en cherche les symboles, la découvre par la contemplation (Hugo) et le rêve ou en déchiffre les « correspondances » (Baudelaire).
- Attrait pour les pays étrangers : gout du pittoresque ; mode du Nouveau Monde, des pays orientaux et méditerranéens (Hugo, Chateaubriand, Stendhal, Mérimée…).
- L’Etrange vient parfois du passé : les romantiques se passionnent pour le Moyen âge totalement oublié jusque là !
- Le Moi : le romantique est un poète ou romancier lyrique ! Si le moi de l’époque classique est haïssable (Pascal), au XIXe siècle l’écrivain est un individualiste qui met sa sensibilité et son art à son propre service : le moi (le moi de l’enfance, le moi amoureux, le moi en quête de spiritualité…) est la source d’inspiration !
C/ LE PARNASSE
Après la révolution ratée de 1848, après vingt-cinq de Romantisme, les écrivains sont de plus en plus nombreux à sentir les limites des épanchements sentimentaux. Le lyrisme de Musset ou de Lamartine apparait à la fois impudique et usé. De là la nécessité pour certains romanciers comme Flaubert de se frotter à la réalité quitte à ce que cela rogne les ailes à l’imagination ; de là aussi le gout de plusieurs jeunes poètes pour un art impersonnel, formellement parfait et dont la froideur n’est pas un défaut mais au contraire un gage de beauté. C’est de ce contexte qu’est né le Parnasse. Deux maitres guident l’école parnassienne : Théophile Gautier qui, du sein même du romantisme, a été le premier à proclamer les vertus de l’art pour l’art, d’une poésie dégagée du souci de l’utilité et de la morale, puis Leconte de Lisle qui, en s’inspirant des mythologies de tous les peuples et de toutes les époques, a su enrichir l’univers poétique de nouveaux mots et de nouvelles formes tout en respectant, dans les limites des connaissances de son temps, la vérité historique. La grande vogue parnassienne a duré une demi-douzaine d’années, vers 1860-66. Des publications éphémères comme La Revue fantaisiste (1861) de Catulle Mendès et Le Nain jaune (1864) permettent à l’esthétique parnassienne de se mieux faire connaitre. Toutefois, c’est surtout Le Parnasse contemporain, dont la première livraison a été publiée en 1866 et la seconde en 1871, qui établit le prestige de la nouvelle école. Notons que le Parnasse de 1866 a repris des œuvres d’écrivains comme Leconte de Lisle, Banville Heredia, Coppée et Sully Prudhomme, poètes dont certaines pièces sont reprises sur ce site, mais également d’artistes comme Baudelaire, Verlaine et Mallarmé. Autour de 1870, les avancées de Rimbaud, Verlaine, Mallarmé annoncent le Symbolisme. Pour les esprits les plus aventuriers, l’art objectif d Leconte de Lisle laisse désormais la place à un langage novateur, suggestif qui a comme prétention d’explorer les soubassements de l’être ; toutefois, pour la plus grande partie des critiques et des lecteurs de la fin du dix-neuvième siècle, la solidité des pièces de Banville de Sully Prudhomme et, plus encore, de Coppée continue de représenter ce que la poésie offre de plus séduisant .
D/ LE NATURALISME
Naturalisme
Le naturalisme est un mouvement littéraire qui est né dans la seconde moitié du XIXème siècle, qui s’est attaché à décrire la réalité telle est et non telle qu’elle devrait être ; on sait que Zola s’est déclaré disciple de Claude Bernard (l’auteur de « l’introduction à la médecine expérimentale »), n’hésitant à écrire » le roman expérimental », livre dans lequel il prétend appliquer à la littérature les ^principes u grand savant. Par sa description qui se voulait objective de la réalité sociale, le naturalisme a contribué à la prise de conscience des inégalités sociales, à la naissance des droits de l’homme, à l’émergence du droit d’expression. L’art est devenu accessible à tous, une esthétique nouvelle étant créée, la littérature ou la peinture traitant de sujets quotidiens. La place de la science dans le mouvement naturaliste est essentielle : la théorie de l’hérité, la thermodynamique, comme l’a si bien démontré Michel Serres, sont au cœur de l’œuvre d’Emile Zola.
La définition du naturalisme
Le naturalisme est avant tout un mouvement littéraire : Zola, Maupassant, Mirbeau, A. Daudet sont les acteurs naturalistes français les plus connus, lus et étudiés encore maintenant. Emile Zola est sans aucun doute la figure marquante grâce à son œuvre de théoricien, auteur de « les Rougon-Macquart », projet grandiose d’étude de la société à travers l’histoire d’une famille. Le naturalisme est un système de pensée qui veut expliquer les phénomènes naturels et sociaux grâce aux progrès scientifiques prodigieux que le positivisme d’Auguste Comte a exaltés. Celui-ci d’une nouvelle science, la sociologie, a imposé un nouveau sujet d’étude : les sociétés humaines. La raison qui a permis de comprendre le mouvement des planètes, qui a mené Darwin a défendre la théorie de l’évolution, peut maintenant s’attaquer à l’étude des mécanismes sociaux : aucune limite ne lui est imposée, son pouvoir est infini.
E/ LE SURREALISME
Le mot « surréalisme » a été choisi en hommage à Apollinaire. Celui-ci venait en effet de mourir (1918) et avait signé peu auparavant avec Les Mamelles de Tirésias un « drame surréaliste ». C’est dans son premier manifeste que Breton en propose la définition : Surréalisme, n.m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. En fait, le surréalisme dépasse très largement cette définition de l’écriture automatique, Breton ayant pris grand soin de le distinguer d’une école littéraire. C’est dans la vie que le surréalisme devait trouver son territoire en promouvant un nouveau regard sur les objets et sur mots, qu’il a débarrassés de leur utilitarisme. Veillant à ne laisser échapper aucune association mentale digne de contribuer à la libération de l’esprit, il a fourni aussi le modèle durable d’une insurrection générale contre tous les mots d’ordre de la société bourgeoise. Profondément marqué enfin par la personnalité d’André Breton, le surréalisme est indissociable d’une morale dont les impératifs catégoriques – la poésie, l’amour, la liberté – ont été haut tenus, malgré les vicissitudes du groupe et les tentatives de réductions.
Parmi celle-ci, la récupération scolaire pouvait représenter la plus redoutable, mais ses exégèses n’ont pas toujours été malveillantes. Notre propos est en tout cas de présenter les traits distinctifs du réalisme à l’aide de quatre textes qui, tous, pourrait donner lieu à des prolongements fertiles, même à l’intérieur de murs oˆ combien honnis par les membres du groupe.
F/ LE SYMBOLISME
Naissance du mouvement
Début : Le mouvement symboliste, dans son sens très large, commence avec la publication de Les Fleurs du mal de Baudelaire (le grand précurseur) en 1857 et s’étend jusqu’à la fin du siècle. Les grands noms : Paul Verlaine, Arthur Rimbaud et Stéphane Mallarmé.
Il y avait aussi des bohèmes littéraires qui se rassemblaient dans les cabarets à la mode Paris et se regroupaient sous des noms étranges comme : les Hydropathes, les Hirsutes, les Zutistes, les Je- m’en-foutistes, etc. Ils écrivaient des poèmes et buvaient comme des trous tout en menant une vie de débauches pour la plus part, d’où le surnom de ‘’décadents ‘’. C’est Jean Moréas qui, en 1886, propose le nom ‘’ d’école symboliste’’ pour caractériser ces divers regroupements. Le texte fondateur du mouvement est L’art poétique de Verlaine publié en 1882.
- Doctrine
- La Vérité : Pour les symbolistes, la vérité n’est pas dans la matière brute seulement. Une chose existe par-delà elle-même : elle est le signe d’une autre chose, elle est un symbole dans un jeu de correspondances infinies.
- Les correspondances : Au-delà des apparences, il y a des rapports entre les choses, des liens entre les êtres, des correspondances (Baudelaire) entre les sons, les images et les parfums. C’est ce que le symbole devrait exprimer. Colombe=Paix ; oiseau=Liberté, un son rappelle une image, une odeur rappelle un lieu, une sensation rappelle un moment du passé, etc.
- Le mystère : En refusant le rationalisme(Descartes) et le matérialisme (argent et industrialisation), les symbolistes veulent renouer avec le mystère de vivre et de sentir. ‘’La poésie est l’expression, par le langage humain ramené à son rythme essentiel, du sens mystérieux des aspects de l’existence.’’ Mallarmé.
- La subtilité : Comme la réalité n’est pas uniforme, les poètes symbolistes préfèrent le rare au commun, le rêve au réel, l’ambivalence à l’identité, la nuance infinie à tout ce qui est tranché, la fugacité (le changement) à la permanence.
- L’esthétique
- Le symbole : le mystère de la vie et de l’existence ne peut s’exprimer directement par des descriptions réalistes. Le poète doit utiliser une nouvelle langue, celle du symbole, car toutes les choses du monde peuvent être rapprochée. Ex. : les sanglots longs des violons (lamentations humaines= sons des violons), l’eau verte= pomme sures (Rimbaud), les oiseaux tels l’Albatros et le cygne= poètes, etc.
- La musique : La musicalité du vers doit être la première règle. Pour exprimer le changement des choses, la fragilité des sensations, le poète utilise l’aspect sonore et sensible des mots (assonance, allitération, rime interne, etc.). Le sens (trop défini) devient secondaire. La musicalité suggestive contre le plat réalisme des descriptions.
- Richesse et rareté du vocabulaire : La puissance d’évocation des sons a plus d’importance que le choix rigoureux du mot précis. Hermétisme parfois.
- Vers libéré, vers libre : à la suite de Verlaine, les symbolistes privilégient la libéralisation des vers : vers impairs, rejets abondants, enjambement, rimes de plus en plus étonnantes, même absence de ponctuation et poème en prose. A partir des symbolistes, le vers français sera libre.
- Thèmes
- L’analogie universelle : Dans l’univers, les sons, les couleurs, les parfums se répandent et renvoient à une même idée primordiale que doit exprimer le poème.
- Le secret : Secret du monde, secret des âmes, tout est secret. Les mots ne servent qu’à approcher les mystères. La rationalité du monde qui n’existe pas. Il faut suggérer et non pas expliquer.
- Le sacré : Le poète est un voyant capable de déchiffrer les mystères du monde, c’est ‘’signe ‘’. Les thèmes de la mort, du crépuscule, de la faim du siècle sont privilégiés.
- Œuvres
L’œuvre de Rimbaud est parue en grande partie après sa mort. Il ne s’est occupé qu’à l’édition d’Une Saison en enfer.
On divise son œuvre en quatre parties :
Les Poésies ;
Les Derniers vers ;
Une saison en enfer ;
Les Illuminations.
Ses premiers poèmes imitent la manière des parnassiens et expriment sa haine de la religion et du monde bourgeois, sa compassion pour les pauvres et pour les victimes de la guerre (« Le Dormeur du val »). Le tournant vers le symbolisme se fait avec « Le Bateau ivre » (1871).